Effets de l’expertise sur la coordination interarticulaire des membres inf
La pratique sportive fait appel à des mouvements spécifiques qui répondent à plusieurs buts et s’acquièrent à la suite de l’expérience et de l’apprentissage. Contrairement à la plupart des gestes sportifs, la course est un mode de locomotion spontané. A ce titre, elle peut être considérée comme l’expression d’une coordination qui ne nécessite aucun apprentissage particulier chez l’adulte (1). Son apparition traduit la capacité à produire une force suffisante pour recevoir le poids du corps sur un membre après la poussée de l’autre membre.
Toutefois, cette coordination est mise à contribution dans de nombreuses tâches sportives que ce soit de façon spécifique, comme en athlétisme, ou non spécifique, en complément d’une autre tâche comme dans un sport de ballon (2, 3). Considérée alors comme une gestuelle sportive spécifique, la capacité à résister aux impacts, à maintenir la stabilité du membre en appui ou à produire de la force pour la propulsion sont aujourd’hui des paramètres bien connus de la course (4, 5). Dans ce contexte, l’étude du mouvement —et du geste sportif en particulier— vise souvent à une caractérisation en termes de performance cinétique, cinématique, voire métabolique. Il en est ainsi pour la course et la locomotion puisque leur étude se fait la plupart du temps au travers de leurs composantes biomécaniques (1, 5). Cependant, au-delà de la production même d’un comportement moteur, les gestes sportifs sont l’expression de l’action coordonnée des différents segments mis en mouvement (6). Dans son ouvrage référence, Bernstein (7) propose que la coordination dans la réalisation d’un acte moteur passe par la capacité du système neuro-musculo-squelettique à gérer l’ensemble des degrés de liberté sous la forme d’une synergie. Le comportement moteur est alors considéré comme l’expression d’une organisation multifactorielle et multi-niveaux du système neuromusculaire. Les facteurs biomécaniques, environnementaux ou liés aux contraintes mêmes de la tâche conditionnent l’émergence de ce comportement. Une version plus moderne de la notion de synergie est celle de patron de coordination telle que présentée dans la Théorie des Patrons Dynamiques (8). L’application à la locomotion des outils de cette approche dynamique (9) offre des moyens intéressants d’appréhender la complexité du comportement moteur coordonné au travers de variables simples, détachées de tout lien spécifique avec les composantes anthropométriques ou biomécaniques notamment (10).
Alors que l’étude du mouvement vise souvent, comme évoqué précédemment, à une caractérisation en termes de performance cinétique, cinématique, voire métabolique (11), cette étude porte sur la synergie interarticulaire nécessaire à la course et sur les effets de la pratique sur les patrons locomoteurs (12). Utilisant la phase relative, mesure valide de la coordination, détachée de tout lien spécifique avec les composantes anthropométriques ou biomécaniques notamment (13), cette étude appréhende de façon systémique la complexité du comportement moteur coordonné (14).
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